Quelques extraits du livre …

[…] Superbe été à Belle-Ile… Longs moments bénis de fusion avec la nature, journées qui s’étirent à l’infini dans une lumière radieuse, lenteur, accordée comme un cadeau, qui me permet de faire le point sur ma vie, de réfléchir à ce qui m’arrive, à qui je suis en train de devenir, à cette nécessité d’expérimentation par les mains que je sens s’imposer chaque jour plus encore… Et puis soudain je me sens prête : j’ose faire ma demande. Au lieu d’aller à la plage, ma seconde fille, alors âgée de dix-neuf ans, accepte d’être mon cobaye. Emue par sa confiance, je me promets de faire de mon mieux. Elle s’allonge  sur la table de la salle à manger, ferme les yeux, et me laisse faire.
Ce qui suit m’a littéralement abasourdie, plus encore je pense que ma première expérience de soin à distance. Peut-être parce que cette fois-là j’avais un « témoin ».
Et un témoin qui me tenait à cœur…
Dans cette pièce aux fenêtres grandes ouvertes sur des volets mi-clos règne une belle douceur. La chaleur estivale est estompée par la pénombre traversée de rais de soleil éclatants.  Un silence vivant, fécondé par les cris des mouettes et le souffle salé du vent dans les pins donne à ce moment une certaine solennité. Il m’est facile de me centrer. Très vite une énergie extraordinaire qui me donne la sensation d’être très lourde fait vibrer tout mon corps.
En fait, je remarque que tout mon corps est présent, bien plus que pendant les séances à distance ; je me sens « animée » des pieds à la tête par quelque chose de doux, puissant, aimant, ayant un but précis. Il me faut tout apprendre à nouveau…
Dans ce nouveau, j’ai tellement envie de bien faire que je me concentre sur l’action, non sur le ressenti. Néanmoins, je sens cette énergie se diriger vers mes mains, les inonder un bref instant, puis en couler régulièrement, comme coule l’eau d’une fontaine. Je n’ai pas à réfléchir, les gestes me viennent spontanément. Je me place derrière ma fille, les mains légèrement au-dessus de sa tête, et j’attends. Je me sens bientôt rejoindre un espace de paix profonde qui me fait oublier toutes mes interrogations.
Doucement, je la  vois sombrer dans un état d’extrême détente, de profonde relaxation. Je sens que je dois insister sur certaines zones, certains organes, «  lisser » ses corps subtils, invisibles à l’œil nu, que je ressens avec une précision incroyable sous ma main, comme une sorte de membrane souple, élastique. Je sens aussi qu’il me faut dynamiser ses centres énergétiques, ce que je fais comme si je l’avais toujours su. C’est tellement fluide, c’est tellement simple, aisé… J’ai l’impression d’avoir toujours agi ainsi !…
L’énergie est à ce point puissante qu’elle rayonne dans la pièce, et attire à elle aussi précisément qu’un aimant l’un de nos chats, qui interrompt sa sieste, trottine jusqu’à la table, saute, puis se déplace, enivré, dans l’espace situé entre mes mains et le corps de ma fille qui semble inanimée, jusqu’à ce que, repu, il s’écroule entre ses jambes en ronronnant.

La séance s’arrête. Après dix bonnes minutes pour reprendre ses esprits, ma fille me fait part de ses commentaires.  Je sais qu’une nouvelle phase de ma vie vient de commencer. Je sais que je vais m’engager dans cette voie. C’est inévitable, et impensable de même imaginer qu’il en soit autrement. Je vais devoir me dévoiler. Faire un choix clair : je sais que je suis arrivée à un tournant. J’en ai fini avec les soins à distance. […]

 

[…] Un intense sentiment d’accomplissement m’envahit.
Je sais le faire. J’en suis capable. 
L’impression de retrouver la mémoire.
Quelque chose d’infiniment profond. La résonance avec une connaissance éternelle, intemporelle…
Oui.
Oui, j’accepte.
J’accepte, et cette « phase deux » qui démarre, je sais qu’elle va m’emmener beaucoup plus loin que la première… J’en accepte les risques. J’accepte le changement.
L’engagement.
Et j’en suis honorée. Profondément émue, même.
Je me coule dans ce fleuve de lumière.

Je prends conscience ce jour précis, grâce à ma belle petite blonde qui s’est laissé aller profondément dans le soin en me donnant toute sa confiance, qui s’est sentie en toute sécurité, je prends conscience de la responsabilité du thérapeute.
Je mesure également à quel point ce travail sur les autres est sacré, et combien aussi nous leur sommes redevables, même si ce que nous recevons en retour ne peut être dit, tant c’est grand. […]

 

[…] Mes mains se posent sur les corps, et l’amour descend…

Des voiles arachnéens dansent, très doucement, à travers mon corps. Des voiles couleur d’aurore s’élèvent…
Mes mains caressent les textures cristallines des membranes subtiles qui murmurent, chuchotent, se répondent…
Se déploient.

Mes mains pansent les blessures.
Des voiles d’amour œuvrent.
Je suis une algue, caressée par l’onde, mon corps flotte, bercé par le rythme ineffable de lentes vagues de lumière…
Mes mains tissent, inlassables, nourries de pur miel d’or.
Mes mains apaisent, mes mains soulagent, mon cœur est plein d’amour.

Le souffle se libère.
En un soupir, celui que je soigne s’est endormi. […]

 

[…] Un aspect majeur de mon travail consiste en la libération des émotions négatives : vider le corps émotionnel, pour libérer la personne. La première étape se passe très simplement, grâce au processus d’aspiration /évacuation que j’ai décrit plus haut. Pendant une grande partie de la séance, je baille – sans contrôler, cela se fait naturellement. C’est un peu comme si je dégonflais un matelas pneumatique, c’est impressionnant de voir le niveau baisser, et le corps énergétique reprendre un volume plus conforme aux critères édictés par la mode… Je le redis, c’est d’une très grande efficacité, je m’en émerveille tous les jours. Une jeune femme m’a dit ce matin : « Je sentais physiquement que vous tiriez quelque chose hors de moi. Maintenant, je me sens super bien ! » […] […] Dans les cas de maladie grave également, il est besoin de nettoyer l’empreinte psychique douloureuse, en voici un exemple : celui d’une femme opérée d’une tumeur au colon, et de nombreux ganglions localisés tout autour. Ma main posée précisément sur cette zone me mit en contact avec des émotions violentes de colère d’impuissance, de chagrin, et d’énervement extrême. Les problèmes du colon relèvent généralement d’une difficulté à lâcher prise, à laisser aller, simplement. Je vis cette dame soupirer fortement, puis laisser couler ses larmes. Une seconde séance révéla des émotions « comprimées », déjà moins denses que la fois précédente. A la troisième séance, c’était le calme plat. Je suis toujours impressionnée de constater à quel point  nos émotions vivent dans les différents niveaux de notre être : l’opération avait été complète, il n’y avait donc plus de « matière malade » dans son corps, avec laquelle j’aurais pu entrer en résonance. Elle avait été enlevée entièrement. Pourtant, sa douleur émotionnelle criait sous ma main.
Si l’on accepte (enfin !) plus couramment aujourd’hui que nos émotions de souffrance puissent déclencher, à terme, une pathologie physique, il me semble intéressant d’aller plus loin, et d’accepter qu’elles vibrent dans celui de nos corps d’énergie nommé à juste titre « corps émotionnel ». C’est parce que les émotions de souffrance de cette dame n’avaient pas été gérées, ni apaisées, qu’elles étaient encore logées dans la partie de son corps énergétique reliée précédemment à la tumeur et aux ganglions. Vider cette zone énergétique à son tour permettra au corps d’être en paix. Les émotions, au fil du temps, ne « descendront » pas dans le corps physique, comme la saleté dans le célèbre sketch de Coluche sur la lessive « spécial anti-redéposition »…[…]